Premier week-end du cycle autonomie alpi – 1&2 juillet

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Départ samedi 9h du skyway de Courmayeur, un jour « apparemment » beau avec un soleil qui nous donne le moral pour la suite.

Vue sur les aiguilles marbrées au premier plan, Dent du Géant en arrière-plan sur la photo ci-dessus.

Arrivée rapide de nos 3 cordées aux aiguilles marbrées qui portent bien leur nom. Maria et Jérémie nous laissent mener cette traversée « roulante » une sangle par-ci, un friend par-là, pendant que des nuages cachaient le tapis bleu couvrant nos têtes.

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De gauche à droite : Romain, Maria, Léa et Maewen gardant le sourire.

A noter un magnifique nœud de chaise.

Descente en un rappel de 40m après une attente de 30 minutes sous une fine pluie glaciale qui aura raison de nos vêtements…

Grâce à une annulation de dernière minute, on délaisse le projet bivouac au profit d’une « chambre privative » au vieux refuge qui se méritera par un accès de 237 marches. Quelle chance inouïe !

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J2 : réveil 4h30, départ 6h dans le brouillard soufflant pour arriver à 7h30 au col d’Entrèves sur des rochers givrés que dégustent nos crampons. C’est le début des mythiques Aiguilles d’Entrèves.

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Arrivée au col d’Entrèves, départ des aiguilles à gauche.

Maria mène deux cordées devant pendant que la nôtre se fait rattraper par quelques cordées qui attendront sur l’arête effilée notre lente progression sur la matinée, avec un soleil qui nous sauve de l’aube frissonnante.  

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Notre co-encadrant Jérémie entre soleil, ombre et givre au début de la traversée

L’autre face de l’arête reste gelée et rend glissant un pas de grimpe pour la cordée féminine. C’est de suite après ce pas qu’on peut -enfin- retirer nos crampons.

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Rare photo de l’éphémère mâchoire supérieure d’un crocodile de montagne

On continue sur la partie la plus aérienne jusqu’au sommet puis on tire un rappel en pente avant de désescalader les dernières dizaines de mètres de la traversée. On atterrit sur le glacier et en une petite heure de retour c’est bouclé !

Traversée magnifique, à croire que nous venions de faire l’arête « fond d’écran » de la page d’accueil du CAF. Heureusement pour nous qu’une traversée aussi mythique était accessible pour une sortie « école ».

Si on suit un cycle autonomie, c’est pour que bientôt, on vous y emmène !

Visite à une vieille dame…

DIBONA1Quand sur le  Whatsapp du groupe EXPErience, le message du guide Didier Angelloz est apparu…mes yeux se sont mis à briller devant ces 3 syllabes! DI-BO-NA »

Une première visite, début Aout, du massif du Soreiller par ses Aiguilles orientales, centrales et une grimpette de la vieille dame par sa voie normale, je m’étais juré que je reviendrai rapidement tâter de la face Sud. Quel bonheur alors quand notre destination fut connue. A la lecture des topos, les intentions grimpantes des 2 Mathieu et de Jerem’ tout particulièrement, me laissait augurer de sérieuses tranches de rocher.

Après une nuit sous le ciel étoilé des Étages, petit hameau encastré entre deux murailles de l’Oisans,  nos 5 bonhommes prennent le chemin du refuge du Soreiller d’un pas bien décidé. Si Didier, la voix de la sagesse de radio CAF, ne nous avait pas rappelé à l’ordre, les 1200 de D+ aurait été avalé en moins de 2 heures. Eh oui, la journée risque d’être longue…

DIBONA2Arrivée au refuge, petite collation, tri du matos, nous confirmons notre intention de découvrir la Mamy par la voie classique de sa  face sud, la « Berthet Boell Stofer ». Un choix serein qui devrait nous permettre de capter l’ambiance du lieu. En effet, elle combine les parties les plus déroulantes de 4 autres voies : la Madier, la variante Berthet, « 7 d’un coup » et les cannelures Stofer, pour un niveau max en 5c, avec un équipement solide, à compléter parfois. Les cordées rapidement constituées, nous nous lançons à l’assaut du bastion, guidés par Didier « la machine » et en 5h20 l’affaire était réglée sans trop de difficultés. Une grimpe agréable, pas trop dure, sur un rocher compact et magnifique, personne dans la voie et un bout de sauc’ au sommet…que demande le peuple !! Du pur bonheur…

Une bonne bière pour fêter ça et les discussions sur le projet du lendemain vont bon train. Rapidement, tout le monde tombe d’accord, ce sera un poil plus dur et un peu plus trad. La Voie des Savoyards c’est donc rapidement imposée. Les commentaires de notre bible international, Camp  to camp, dessinent bien les contours du chantier à venir:

DIBONA3« Belle voie d’escalade ouverte par Pierre Chapoutot et Bernard Wyns en 1967, alors que le gardien leur disait « Descendez ! Cette voie ça va faire de la viande froide ! » »

« Voie historique ouverte en grosses, devenue classique. Elle est restée et restera équipée sur pitons. Itinéraire délicat à trouver dans les longueurs faciles (peu ou pas d’équipement en place). Plusieurs croisements avec d’autres voies. Ne pas toujours suivre les pitons que l’on trouve. 

De quoi, rendre les plus ronfleurs d’entre nous un peu plus songeurs cette nuit…

Un p’tit dej’ rapidement avalé, il nous fallu subir les interminables 2mn37 de marche d’approche d’un pierrier bien raide…Quel confort ! Au pied de la voie, tu peux te rendre compte que tu as oublié tes chaussons et repartir illico les chercher au refuge !

Devant la face, un petit débat s’engage sur l’attaque, à droite…à gauche…Didier tranche ! C’est facile, on y a va au feeling. Première longueur…Ou sont les pitons ? Ben c’est facile, le topo l’a dit, y’en a pas ! Oublies quand même pas de protéger…

 

DIBONA4Une belle cheminée, une rampe en diagonale , oups ! ça devient vertical et ouaaaah ! c’est quoi ce son ? Wooooooosssccccccchhh !?!? Un aigle en plongée ? un micro onde qui dégringole ? Perdu! une aile volante orange vient de dévaler le vallon à une vitesse faramineuse. En 5 secondes, elle l’a traversé et déboîté en plein dans le S de la gorge en contrebas…Estomaqués quelques instants, nous repartons bluffés par l’instant wingsuit… Franchement, c’est un truc à vivre !

Et hop, direction la première vraie difficulté de la journée, une traversée plein gaz en 6a sous les toits, suivie d’une rampe facile qui se transforme en renfougne innommable, paradis du Dulfer.  Ah ! Ces vieux 5 en chiffre Romain qui présagent d’une grimpe à l’ancienne, on les adorent !! J’en sors bien cramé avec des doigts raidis par le froid de ce passage à l’ombre.

Héeee ouiiiii à 3000, c’est pas toujours la canicule.

 

DIBONA5Une dalle au soleil, enfin retrouvé, nous donne accès à la vire Boell et son couloir en 3 (ça fait du bien), nous voilà reparti dans des traversées ascendantes en 5/5 sup, chiffre romain bien sûr ! Une grosse écaille, surplombée du dièdre de sortie, fera un relai fort peu confortable pour préparer le final avec sa traversée sans rien dans les mains et presque rien pour les pieds…pur bonheur avec 300m plein gaz sous les fesses ! Franchement, j’avoue avoir triché…un petit A0, au bout de 12 longueurs à 52 piges, vous n’allez pas m’en vouloir ?

Dans le dièdre, ça coince, ça tire, ça oppose, ça pousse et hop la sortie les yeux écarquillés de bonheur sur la superbe vue dégagée en face Est, comme une pure récompense de la vieille dame après tous ces efforts. Elle a du estimer que nous l’avions mérité…

DIBONA6Un sourire, un Check franc et viril de Didier la machine, un coup de flotte, 3 cacahouètes et hop plein feu sur les rappels et la redescente au refuge. C’est que notre guide, il aime pas traîner (mdr) !

De retour au refuge, on savoure la ptite binouze tant attendue, on trie le matos et hop ça repart plein taquet pour une heure de descente digne de l’UTMB !!

Quel week-end mes amis !! Un groupe de mecs sympas,  pêchus et passionnés, un guide que tu suivrais en enfer, tellement il inspire la confiance, aucunes autres cordées dans nos voies, une météo qu’on pourrait pas faire mieux même si on le voulait…tout ça sous l’œil de la vieille dame !

Merci LadyBona on r’viendra, y a tellement à y faire !!

Jérémie, Les 2 Mathieu, Didier et Phil

Venez tenter l’EXPErience…

Arête Nord de la Tournette

En ce mois de juillet exceptionnel, la météo reste facétieuse. Alors que nous étions promis à faire deux belles voies dans les aiguilles rouges, le bulletin météo nous encouragea à se diriger sur une course de repli: l’arête Nord de la Tournette.

 

 

 

Nous sommes donc partis à l’attaque tôt dans la matinée. Au fur et à mesure de l’approche depuis le pré Vérel, le paysage se découvre à nous, nous laissant admirer lacs, alpages, et parois rocheuses. Une fois l’autoroute des touristes abandonnée, nous suivons un chemin escarpé à travers la salade et les pierriers. Venus se mettre à l’écart du tumulte sur cette grande vire, une dizaine de bouquetins nous observent attentivement. C’est l’heure des photos!

 

 Arrivé au pied du couloir, nous nous équipons. Noé, Claire et Guillaume forment la première cordée; Agnès, Maxime et Sarah forment la seconde. Deux autres cordées font la même voie, nous partons donc. Après un petit couloir, une vire herbeuse et une progression dans les buissons, la partie en rocher commence. 

 Les becquets rythment notre avancée, les goujons savamment placés complètent notre progression. Nous passons les difficultés avec agilité, et nous pouvons profiter d’un panorama exceptionnel des deux côtés. Arrivé au sommet, la pause s’impose: nous dégustons sandwich, fromage et carottes (!) dans le plus beau restaurant des environs.

Les deux cordées en profitent pour nous dépasser, et nous bloqueront aux rappels. Presque 30 minutes d’attente: nous payons cher le déjeuner. Cependant, après ce petit rappel agréable, nous continuons la suite. Guillaume passe en tête sur cette arête plus impressionnante que difficile.

 

Après une courte escalade et un petit rappel, nous jouons au fameux jeu du “où est le spit?”. Cela aiguise notre sens de l’itinéraire! Nous reprenons avec une désescalade idéale pour s’entraîner, puis nous rejoignons le plancher des vaches!

Après un selfie de groupe flou et mal cadré, il ne reste plus qu’à partager un petit verre (de lait) au chalet de l’Aulps, puis à revenir au parking avec tous ces beaux souvenirs!

Conclusion, super journée, un groupe au top et une météo qui a eu le bon goût de se maintenir!

Note: Si vous souhaitez faire cet itinéraire, il reste côté Assez Difficile. S’il est idéal pour initier quelqu’un à l’alpinisme rocheux, il n’est pas un terrain d’exercice pour cordée novice. Une mauvaise connaissance ou application des techniques de progression en arête pourra entraîner la chute, et surement la mort.

Liens externes:

Sélections Groupe Féminin de Haute Montagne

Logo GFHMComité Régional Auvergne Rhône-Alpes FFCAM

29/05/2021

Le réveil sonne à 6h du matin mais la majorité d’entre nous n’a pas dormi de la nuit ! La journée des sélections pour la nouvelle promotion du GFHM est arrivée !

Cette année, les candidates du GFHM vont partager la journée avec les candidate/s d’alpinisme 74 GAF, GAVI et GEA au col de la Colombière, au cœur des Aravis.

Rendez-vous à 8h du matin au Chinaillon. Les anciennes promos du GFHM et du GAF sont déjà en place. Une centaine de candidats entre GFHM, GAF, GEA et GAVI ont été convoqués. A cause de la crise sanitaire, leurs arrivées ont été échelonnées entre 8h et 11h du matin.

Sélections GFHM 1Les candidats à l’écoute de l’organisation – © Lara Briñón

Les premiers entretiens avec les jurys commencent. Un peu d’attente pour certaines, du coup nous en profitons pour papoter et créer une petite salle d’attente au milieu du parking ! Un peu de thé chaud, du soleil et des nouvelles rencontres, l’attente pour les entretiens a été bien agréable !

Pendant que certains passent les entretiens, d’autres attaquent la randonnée chronométrée. Une promenade d’à peu près 600 mètres de dénivelé depuis le parking jusqu’au-dessus du col de la Colombière. Départ par binôme et pas nécessaire de courir et de faire le meilleur chrono ! Car nous ne sommes pas des traileurs mais des montagnards ! Montée en grosses, les sacs chargés avec le baudrier, les dégaines, le casque… Non, nous n’étions pas en mode “light” !

Sélections GFHM 2Randonnée chronométrée – © Cyrielle Gachet

Petite pause après la randonnée, et nous en profitons encore pour faire connaissance avec les autres candidats. La journée est bien lancée. Des sourires, des encouragements, des échanges, on dirait que le stress est déjà passé et maintenant nous profitons de la journée ensoleillée en montagne.

Deuxième partie des sélections : nous sortons le matériel d’escalade et nous attaquons la partie d’évolution en corde tendue. Avec notre binôme nous nous préparons comme il faut : l’organisation du baudrier, la fixation des anneaux de buste, casque en place, et nous sommes partis ! Voilà le premier check : Le guide nous demande de faire un relais. Le caillou est adhérent et plein de lunules.

Sélections GFHM 3Départ pour l’évaluation en corde tendue – © Mélanie Bene

Nous posons notre relais pendant que le guide regarde minutieusement tous nos gestes: “Ta sangle est un peu juste pour ce caillou”, “Faut pas se vacher au maillon rapide!!!”, “Pourquoi tu sors le descendeur? Fais un demi-cab!”. Bon voilà, presque tout le monde a eu le droit à une petite remarque au relais. Mais les instructeurs et les guides vérifient le plus important: la sécurité.

Sélections GFHM 4Progression en corde tendue – © Mélanie Bene

C’est presque la fin. Nous commençons à sentir la chaleur et la fatigue. Mais il nous reste encore la dernière épreuve : l’escalade en grosses.

Sélections GFHM 5Escalade en grosses dans les cannelures – © Cyrielle Gachet

À l’arrivée du pied de la voie, les instructeurs nous indiquent la voie où nous allons grimper. Le caillou de la Colombière est adhérent et présente de belles cannelures. La grimpe en grosses tombe bien, il est facile de coincer nos chaussures d’alpi dans les cannelures. Les binômes se préparent au fur et à mesure qu’ils arrivent et puis c’est parti ! Nous devons tous grimper en tête, avec les grosses, et il faut enchaîner. Pas de “seeeeccc”!!! Mais nous sommes à l’aise : le secteur n’est pas dur et avec ce caillou nous arrivons à tenir même avec un doigt ! Les instructeurs au pied de la voie nous observent, et nous notent dans leur petit cahier. L’important est d’enchaîner, le “style” lui est secondaire.

Quand notre binôme nous redescend, nous sommes contents, souriants, c’est fini ! Maintenant le meilleur moment est arrivé : trouver une terrasse pour une bière pendant que les juges délibèrent.

Retour au Chinaillon. Les candidats du groupe espoir sont déjà en terrasse avec leur bière. Ça ne rigole pas les jeunes ! A mesure que nous arrivons, la terrasse se remplit de candidats. La serveuse toute curieuse nous demande ce qu’on a fait. Tout le monde est content, des sourires, des échanges de numéros, des bières, ça fait du bien ! Des candidats qui partent et d’autres qui arrivent. Des gens que tu avais déjà croisé ou pas encore vus dans la journée. Le stress a enfin disparu. Nous avons tous profité et partagé une journée en montagne. Et même si nous savons qu’on ne pouvait pas tous être sélectionnés dans les groupes, ça valait clairement le coup de passer la journée ici. Le choix n’était pas facile, 8 places pour 50 candidates pré sélectionnées… La délibération a été vraiment longue pour les juges !

Sélections GFHM 6Délibération du jury – © Mélanie Bene

Merci à tous les bénévoles et les guides pour l’organisation. C’était une belle journée de partage en montagne !

Maintenant c’est une nouvelle aventure pour les 8 filles sélectionnées. Des moments intenses, de partage, de connaissance, d’apprentissage dans l’immensité des belles montagnes à parcourir.

Bravo à tous et à toutes!

Sélections GFHM 7Nouvelle promotion GFHM 2021-2023 (manque Sophie) – © Séverine Stemmer

Sortie hivernale sur l’arête des Cosmiques

Aiguille du midiUne préparation de la sortie des semaines à l’avance. Trois inscrits initialement prévus sur quatre. Plusieurs options envisagées, bivouac ou refuge, Italie ou France… Mais dix jours à l’avance, les prévisions météorologiques sont maussades. Les refuges ou téléphériques ferment. C’est l’heure de racler vos spatules, pas d’aller chausser les crampons !

Alors que faire ?

 

 Et bien on garde l’objectif initial, un stage Unité de Formation en alpinisme afin de permettre de confronter sa pratique au rôle de premier de cordée dans un terrain montagne, avec de l’assurage en mouvement. Ça sent la poudre, le froid, le vent. Mais on est motivés. D’ailleurs trois autres inscrits portent le groupe à huit, deux encadrants compris.

On choisit donc un terrain propice, c’est à dire peu d’approche pour les deux jours, refuge pas très loin, terrain permettant de limiter les risques avec cette météo prévue « pas trop bonne voir pas bonne du tout » pour samedi et « mieux » pour dimanche. Direction, le refuge des Cosmiques !

La neige était annoncée tous les jours en fin de semaine. Et comme tous les inscrits aiment la neige personne n’a hésité, ils ont tous suivi ce plan aventurier : « si ça passe samedi, ça passe dimanche ! » On est tous motivés pour une première sortie d’alpinisme hivernal.

Le plan initial était d’aller sur Torino pour jouer dans les marbrées, Entrêves ou les courses
d’arêtes du coin. Mais vu la neige récente et les crevasses tout juste recouvertes, on est partit
sur le plan suivant, direction les cosmiques. Et oui, ce n’était pas un stage neige ni progression
terrain glaciaire. Alors les crevasses, on évite si possible, on veut du rocher. Et du rocher sec !
On prévoit donc un rendez-vous covoiturage le samedi matin vers 9h30 afin d’avoir les premières
nouvelles d’ouverture du téléphérique de l’Aiguille du midi..

Hop, c’est vite vu, « ouverture prévue à partir de 11h ». Alors on y va, on verra. À savoir que
quand il neige beaucoup, ils leurs faut du temps pour déneiger là-haut avant d’accueillir du
tourisme.
On y est. Ça va ouvrir. La peuf prévue est là. C’est tout blanc. -22 degrés annoncé en ressenti
là-haut. Mais on le savait, on vient en connaissance de cause sur la météo. On espère franchement que ça sera mieux que prévu. Et si ce n’est pas pire, le refuge n’est pas loin…

« Kévin, je ne sais pas où est l’arête. » Aïe, ben oui, avec la neige et le vent, plus de trace. Mais avec le brouillard, plus de visibilité non plus. Hop, bravo à notre premier volontaire, Joris, qui s’empare de ses lunettes de soleil (pour y voir encore moins), de son piolet et de mon bâton. Le bâton, c’est bien pour sonder la pente et choisir au mieux sont itinéraire quand on avance à pas de loup.
C’est facile une arête. On a le tombant à gauche et à droite. Et parfois, on a la jambe qui passe dans une corniche. Jean-Noé se souviendra sûrement de cet épisode où, en suivant nos traces quelques centimètres trop à droite, il se retrouvera 1m plus bas. Ok c’est repartit, on devine un rocher, on sait où on se trouve… Ça descend, une visibilité qui s’améliore, on passe de 5 m à 10 m. Un skieur en approche à la remontée. « Crampons envolés par le vent ». Ah oui, ça souffle. Et pas qu’un peu. Chaque centimètre de peau à nue est attaqué par ce vent vorace qui se sent plein d’énergie avec ce nouveau froid tout juste arrivé. Et nous voilà arrivé sur la « terrasse » là ou on chaussera les raquettes à neige.

L’arête est franchie. Nos aventuriers, une fois bonnet et beuf remis en place sont confiants pour la suite, on a même une vue dégagée sur notre première trace, le brouillard se lève, un peu. Il jouera toute la
journée.

L’ambience est annoncée, le stage est maintenu, le groupe est toujours motivé.
On a transformé ce « simple » stage d’évolution en terrain de montagne vers un stage découvertede l’alpinisme hivernal. On est prévenu, on va tester notre matériel. Notre choix sur
l’organisation du sac à dos, du choix des chaussures jusqu’au choix du collant. D’ailleurs
certains n’ont pas réussit à choisir et ont portés les deux collants. Pas forcément à recommander,
mais il parait que c’était chaud.

Notre objectif du jour, s’approcher du refuge des Cosmiques et d’aller évaluer un peu le niveau de
chacun dans les arêtes Lachenales.
Objectif un peu trop embicieux… En effet, on s’est plutôt orienté sur une promenade sur glacier, à brasser de la peuf et à travailler l’orientation dans le brouillard. Mais avant ça, merci au second volontaire, Gilles, qui nous a fait la première trace en raquettes. Parmi les crevasses et oui comme annoncée elles seront cachée. Une semaine avant ça passait en « S », 4 pas à droite, 3 pas à gauche, là à vue ? « Tout droit ! ».
Il s’est donc retrouvé jusqu’au hanches dans la neige. Et oui les raquettes ça portait quand même
un peu mieux sur le glacier bouchée. Aller, on ressort, on se rassure le passage de crevasse est
derrière (pour mes seconds de cordées) et on essaye de trouver une ligne pour le refuge.
Deux ou trois personnes sur huit auront passé une jambe ou deux dans ce pont de neige. La corde ?
Personne ne l’aurait remise en question.

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Arrivé sous le refuge, on n’a pas froid. Mais on a quand même une personne sur le groupe de 8 qui
n’a pas de raquettes. Elle s’enfonce pas mal quand même. Et une raquette avec une fixation cassée par
le froid. Ah, comme le bâton de l’arête, il aura fait son taf mais pas plus. On trace quand même jusqu’au genoux, la neige est magnifique. On a tous envie d’être en ski. J’essaye quand même de les rassurer, l’arête des cosmiques le lendemain avec les ski sur le dos ce n’est pas franchement du bonheur.

Aller, on change de traceur, Joris repart à l’attaque pour trouver le départ des Lachenales.
« Sud Sud-Est ». Ok… On se retrouvera avec une belle trace sur le GPS après analyse. On tirai toujours franchement à droite, sans jamais quitter la pente côté refuge. Soit il était appelé par la bière, soit il
préférait le plan « arête à Laurence ». Comme la trace se rebouchait, on continué à jouer un peu, voir si le temps se dégageait. Et non… Donc retour sur nos trace « Ah oui, je la trace n’est pas bien droite », pour remonter au Refuge. Nouvelle trace, merci à Océane, il fallait la méritée cette arrivée au refuge. L’été c’est quand même plus simple…

Une fois arrivée, le brouillard se lève et on voit qu’on était encore loin. Non franchement, ce
n’était pas le bon plan d’aller dans les Lachenales par cette météo. L’arête à Laurence pour
arriver au refuge aurait été une alternative plus juste. Mais on risquait quand même d’avoir
froid.

Super accueil par les nouveaux gardien du refuge. On a révisé les différentes techniques de
progression au chaud, il fallait être créatif pour trouver un bequet, l’exercice n’en était que
plus propice pour la mise en pratique « personelle » du lendemain.

La nuit était très clair. « C’est maintenant qu’il faut y aller ». C’était une bonne idée, mais il
aurait quand même fait froid !
On part donc du refuge vers 8h, le plafond est haut, ça nous arrange le brouillard on en a eu
assez. Par contre c’est quand même jour blanc. Une nouvelle trace pour l’accès à l’abri Simon,
puis l’attaque.

Abri Simon

Là, il aura fallut pratiquement 2h pour quitter la vue du refuge alors qu’habituellement 30 minutes suffisent. La première
pente était bien enneigée, ça brassait pour tout le monde. Et bien sûr, on ne pouvait que deviner
ou ça passait au mieux.

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Bravos aux premiers de cordées, la trace était clair, les options assez bonne et l’assurage bien
pratiqué.

Deux cordées en venant du téléphérique auront tracés bien vite, sans raquettes, jusqu’à rejoindre
nos traces du matin. Ils nous ont doublés très rapidement cadancé par un guide souhaitant avoir la
même vitesse l’été que l’hivers sur cette arête. Ça nous a bien arrangé, qu’ils tracent la seconde
partie de l’itinéraire. Parce que Noé et Joris sont restés la première cordée sans véritable
relève cette journée-ci.

On aura mis entre 6 et 7h à faire la traversée. Et le vrai doute était le fonctionnement du
téléphérique, vent fort annoncé en soirée.
Personne n’aura vraiment eu froid et le « crux » aura laissé son impression à tout le monde. La
chance pour la première cordée la fissure a été nettoyée par ceux qui nous ont doublés.

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Après ce dernier passage permettant une pause bien méritée, encore un peu de vagabondage sur l’arête nous permet d’arrivée à la station du téléphérique, vide de tourisme.

L’arrivée sous le soleil par notre cordée du milieu.P1030890

 

Bravo à ce super groupe qui a tenu le coup malgrés les conditions et d’avoir misé, comme nous, sur
une météo « pas trop mauvaise -> assez bonne ».

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 D’autres photos sur le compte-rendu de Joris sur son blog

Récit photo du raid alpinisme en Suisse !

terrain de jeu

Le Raid Alpinisme en Suisse a tenu toutes ses promesses malgré une météo sur place quelque peu capricieuse qui n’était pas sans rappeler la Bretagne : comme le dit le proverbe, il a fait beau plusieurs fois par jour ! Fort heureusement le granite de la Furka s’est révélé à la hauteur de nos espérances et nous a permis de réaliser une fois encore de superbes ascensions, totalement seuls, pour notre plus grand plaisir !

Si l’on excepte votre G.O. préféré, ce raid alpinisme s’est déroulé avec un groupe d’une parité parfaite: 2 femmes et 2 hommes ! En ces temps de crispations au sein de notre société, il est bon de rappeler que voilà la vraie modernité : la mixité hommes/femmes et le vivre ensemble en toute simplicité, sans sexisme ni critères particuliers autres que savoir marcher une journée avec un sac à dos et franchir quelques passages de 5 sup. Avis aux amatrices et aux amateurs !

Refermons la parenthèse, et c’est donc avec un nouveau groupe de 5 cafistes du club très enthousiastes que nous prenons la route pour un périple Suisse relativement lointain dans le canton d’Uri, au-delà de notre terrain de jeu habituel du Valais.

La première journée fut déjà bien remplie avec, dans l’ordre : le long trajet jusqu’au Furkapass, la montée au refuge, les révisions des manips et échanges sur le matériel, le repérage des approches pour les jours suivants, et pour finir l’étude approfondie de la carte des bières et consommations (en allemand). Bref, une première journée harassante.

camp de base

Nous établissons notre camp de base à la Sidelenhütte.A l’arrière plan à gauche, notre 1er objectif du séjour, le Gross Furkahorn.

 

Heureusement dès le lendemain nous mettons le réveil à 5h pour nous reposer sur l’arête S du Gross Furkahorn (!) . Cotée D pour Difficile, ça grimpe quand même cette affaire et si la plupart des spits rencontrés sont superflus, certains sont mousquetonnés sans frustration aucune. Tout le répertoire de la grimpe en montagne y passe : dièdres en dülfer, sections d’arête aériennes, dalles compactes et désescalade sont au menu sur un rocher de rêve.

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Furkahorn.4       Furkahorn.5

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Furkahorn.8

 

Le soleil joue à cache-cache et nous prenons une belle averse qui ne freine pas notre progression ni la bonne humeur du groupe ! Le sommet est splendide, très aérien, et nous offre une superbe vue sur le glacier du Rhône, celui-là même qui alimente un fleuve bien connu chez nous.

Furkahorn.summit

Furkahorn.summit2

 

Une brève section de désecalade ponctuée d’un grand rappel nous permet d’atteindre la neige. Des névés raides nous ramènent à notre point de départ et nous permettent de clore cette première belle course très complète.

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Retour au refuge pour une nouvelle étude des consommations…toujours en Allemand.

« Weissbier ça veut dire bière blanche ?

– Oui mais non, en fait c’est pas vraiment de la blanche.

– Ha okay. Mais Weiss ça veut pas dire blanc ? »

Le Français Moyen ayant la réputation d’être une bille en langues étrangères, nous mettons un point d’honneur à être à la hauteur de la renommée de nos compatriotes. Seul Thibaut parvient à surnager dans cet océan de médiocrité et d’incompréhensions. Quelle ne fut pas notre surprise de voir nos hôtes Helvètes ainsi que la plupart de nos compagnons de table faire des efforts incroyables pour venir parler Français avec nous. Bigre, ça change de mes souvenirs de l’Oberland, ici les gens sont autrement plus sympathiques !

arc en ciel

Un bel arc-en-ciel vient égayer l’apéritif entre deux averses

 

Le sommet du lendemain est particulièrement alpin et se révèle être une très belle surprise : le Gross Bielenhorn, coté D+ (Difficile sup) et allègrement équipé lui aussi dans sa première partie mais laissé totalement vierge dans la seconde partie. Un beau moment de montagne !

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Bielenhorn.2

Bielenhorn.4

 

La météo fait des siennes et vient tester notre motivation et notre ténacité plus encore que la veille. Une pluie fine, puis de plus en plus forte, s’abat sur nous tandis que nous poursuivons notre ascension. Mais le rocher exceptionnel nous permet d’avancer, et de gravir sans trembler une belle longueur de 5c trempée. Le grain du rocher semble littéralement s’incruster dans la peau des doigts et la gomme des chaussons, nous permettant de jouer les geckos et narguer plus ou moins fièrement les ondées qui nous arrosent.

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Tandis que nous tirons un 1er rappel le soleil fait de nouveau son apparition, et ne nous quittera plus. Tant mieux ! Nous évoluons désormais en terrain montagne en grosses chaussures, suivant notre flair pour gravir les fissures jusqu’au sommet. Quel rocher superbe, on se croirait à Chamonix!

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Thibaut immortalise l’équipe au sommet du Gross Bielenhorn

 

Quelques rappels plein gaz agrémentés de désescalades aériennes nous permettent de regagner le pied de l’arête 2h plus tard. Well done !

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Le quatrième et dernier jour sur place sera en quelque sorte la cerise sur le gâteau. Ou plutôt sur la tortue ! En effet notre dernière ascension se nomme « l’arête des tortues », en référence aux formes du granite qui évoquent ces symathiques animaux. Un nom poétique qui se traduit en version originale par « Schildkrötengrat ». Hé oui, l’Allemand, ça ne s’invente pas !

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ça ressemble à ça une tortue Suisse ?

 

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Thibaut et la Tortue

Un rocher superbe (encore et toujours) et une escalade abordable en 4/4+ nous permettent pour certain de parcourir l’arête en grosses chaussures (cotation AD – Assez Difficile). Nous tairons ici l’anecdote selon laquelle la seconde cordée s’est lancée dans une longueur en 7 en pensant grimper une longueur en 4+, ce qui eut d’ailleurs été fort dommage car la dite longueur en 4+ , fort jolie et plein gaz, méritait d’être parcourue !

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Quoiqu’un peu courte, l’arête offre de superbes passages d’escalade de montagne

 

L’arrivée au sommet du Chli Bielenhorn ponctuait de fort belle manière ce joli raid de 4 jours au col de la Furka.

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Une dernière « Weissbier » pour la route et il était temps pour nous de redescendre retrouver la canicule et la civilisation.

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Bravo à Noémie, Marjorie, Thibaut et Cédric pour ce raid alpinisme de 4 jours couronné par trois beaux sommets!

Itinéraires de cafistes gâtés

20200705 142553Le mois de juillet nous a offert des conditions d’escalade idéales, tant en haute qu’en moyenne montagne.

Il n’en fallait pas plus que nous allions nous délecter du caillou avec les afficionados du club et parcourir quelque unes des plus belles grandes voies d’escalade de la région !

 

 

Voyez plutôt les itinéraires parcourus :

 

– Nabot Léon (6a max – Terrain d’Aventure – Massif du Mont Blanc);

– L’eau Rance D’Arabie (6b+ max – Terrain d’Aventure – Massif du Mont Blanc);

– Extase (7a max – Tout équipé – Secteur des Grandes Suites);

– Octopussy (6c+ max – Tout équipé – Pointe Sud du Sapey);

– Le Maillon Manquant (6b+ max – Terrain d’Aventure – Massif du Mont Blanc);

– Voie Ménégaux (6c max – Terrain d’Aventure – Massif du Mont Blanc);

 

Toutes ces belles voies ne doivent pas être jugées au regard de leur cotation max : en second, elles ne requièrent peu ou prou qu’un vrai niveau 6a/6b pour pouvoir en profiter. Une réelle expérience du leader est toutefois requise pour grimper sereinement et tenir les horaires, surtout s’il y a une remontée mécanique à la clé !

 

Nous conclurons ce mois de juillet par une sortie cool, La voie du trou, suivie de l’arête qui débouche au sommet de la pointe percée (5c max – tout équipé – Aravis).

 

Une belle moisson pour les grimpeurs-alpinistes du club et incontestablement un mois de juillet réussi !

La suite en photos :

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Extase – Grandes Suites – 4e longeur – 6c

 

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L’eau Rance d’Arabie – Pilier Rouge de Blaitière – 1ère longeur – 6b+

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Voie Ménégaux – Aiguille de l’M – 3ème longeur – 6a

 

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Le Maillon Manquant – Gendrame Rouge du peigne – 7ème longeur – 6b+

 

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Nabot Léon – Pilier Rouge de Blaitière – 4ème longeur – 5b

 

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Octopussy – Pointe Sud du Sapey – 4ème longeur – 6b+

 

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Voie du Trou – Pointe Percée – 4ème longeur – 5c

 

ALPINISME Dernier week-end, nouveau concept : un 3000 le samedi, un 4000 le dimanche

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La saison d’alpinisme touche à sa fin, alors pour oublier la tristesse des refuges qui ferment et l’automne qui arrive, on mise sur un beau programme avec un maximum de chaleur Suisse Allemande ! (ndla : oxymore ethnologique)

Le samedi, ce sera l’arête sud du Jegihorn (3206m) et le dimanche, le clou du spectacle : l’arête Sud du Lagginhorn (4010m), une des plus grosses courses de la cuvée des collectives 2018. Le topo évoque une « longue course d’arête à 4000m à ne pas sous-estimer ». On ne peut pas dire que l’on n’était pas prévenu !

Le soleil quasi permanent du mois de septembre promettait une préparation de week-end des plus aisés mais comme toujours il n’en fut rien ! Des Ecrins à Chamonix, de Martigny aux Alpes Uranaises (dont certains j’en suis sûr ignorent l’existence même), le choix de la destination n’a pas été évident pour nous permettre de faire deux sommets en deux jours tout en réussissant la meilleure combinaison entre temps de route/marche d’approche/sommet de haute montagne/niveau abordable mais intéressant/exposition Est à Sud favorisant l’ensoleillement…… et bien sûr pour le plaisir des participants, un cadre majestueux et du beau rocher à grimper !

Et encore n’est-il ici question que de choisir le bon bout de cailloux ! Mais que serait la préparation d’une collective sans la gestion de l’humain, peut-être plus encore en alpinisme que dans n’importe quelle autre discipline ? Cela m’amène d’ailleurs à une réflexion dont le but ultime n’est pas tant de rendre ce compte-rendu totalement illisible que de diffuser un message de fond : la pratique de l’alpinisme devrait se concevoir pour tout un chacun comme une saison, avec une difficulté progressive, et une augmentation du niveau technique et physique de chacun au fil des sorties, à l’instar de ce qui se fait en ski de randonnée : on fait ses premiers virages en décembre/janvier, des sorties à 1400/1500m de dénivelé en février/mars, et des gros sommets plus alpins en avril/mai. Quand parfois des gens me contactent pour participer à une sortie d’alpinisme en août ou en septembre en n’ayant pas fait de montagne ni d’escalade de l’année, je me sens comme face à quelqu’un qui voudrait démarrer le ski de randonnée au mois de mai. Ainsi j’invite vraiment celles et ceux qui souhaitent pratiquer l’alpinisme à le faire autant que possible avec le club, dont le programme publié dès le printemps aura proposé cette année des week-ends de formation, des sommets à 4000, de la neige, du rocher, et une palette de difficultés allant de « Facile » à « Difficile » en passant par toutes les difficultés intermédiaires. La saison d’alpinisme est courte, 3 mois de mi-juin à mi-septembre, alors nous comptons sur vous pour être au rendez-vous dès le début mais aussi tout au long de la saison !

 

La fine équipe du week-end : Jean-Christophe, Matthieu et Joris

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Refermons la parenthèse et revenons-en à nos cailloux. Du bon gneiss Valaisan en l’occurrence, que Jean-Christophe, Joris, et Matthieu ont eu le plaisir de découvrir ou de redécouvrir pour certains. Rendez-vous à Annecy Nord à 5h45 dans le but d’attraper le téléphérique de Saas-Grund 3h30 plus tard et gravir un premier sommet le samedi : le modeste mais sympathique Jegihorn (3206m), dont l’arête Sud nous permet de réaliser une belle escalade de montagne sur un superbe rocher rouge/orangé dans une ambiance détendue (AD+ / 5a max). Les foules ont déserté les lieux et nous savourons ce bel itinéraire pour nous tous seuls, avec d’autant plus de plaisir que la météo s’est révélée exagérément pessimiste pour ce samedi : point de nuage à l’horizon, soleil et température idéale pour grimper en chaussures d’alpinisme cette très jolie voie alternant entre dalles fines, fissures et couloirs sur un rocher toujours excellent. Et que dire de la vue qui ne nous quittera pas du week-end : une succession des sommets mythiques tous plus majestueux les uns que les autres. Leur simple vue fait immanquablement germer des idées de courses pour la saison prochaine alors avis aux amateurs d’alpinisme pour l’été prochain, affûtez vos crampons et soyez en forme, vous ne le regretterez pas !

 

Joris se régale sur l’arête Sud du Jegihorn

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Escalade ludique en excellent rocher

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Splendide vue sur le massif des Mischabels depuis le sommet du Jegihorn

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Belle vue sur le « monstre » du lendemain ! Le Lagginhorn que nous avons parcouru de droite à gauche. L’arête Sud commence en bas à droite au petit col rocheux au-dessus du glacier.

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Nous profitons de la descente pour faire une école de coinceurs. Joris et Jean-Christophe ont le plaisir de mettre en pratique tous les rudiments du terrain d’aventure : pose de câblés et de friends dans différents types de fissures, et installation de relais sur coinceurs et sur sangles. Mais le soleil se cache vite en cette fin septembre et il faut rentrer rapidos au refuge pour pouvoir… profiter de la bière tant que la terrasse du refuge est ensoleillée ! Quelle bonne surprise d’ailleurs que cette Weissmieshütte, rien à voir avec son homologue Brittania, de l’autre côté de la vallée, qui nous avait laissé un souvenir bien fade. Ici le personnel est sympathique, la bière est excellente, fraîche, et peu onéreuse (entre 5 et 6,5 francs la pinte, excellente blanche en bouteille ou blonde en pression). Le repas du soir est bon et varié, dans une salle chaleureuse. Que du bonheur ! Nous avons même notre propre chambre de 4, un vrai luxe. Seul défaut, la largeur des couchettes, plus adaptée à des enfants en bas âge qu’à 4 adultes. Au moins on n’a pas eu froid !

 

Samedi, journée réussie !

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Le lendemain, le réveil sonne à 4h30 pour attaquer le Lagginhorn par l’arête Sud. En potassant les semaines précédentes, j’ai découvert cette arête qui semble plébiscitée : du bon rocher, une course variée comportant malgré tout une approche glaciaire, un niveau de grimpe modeste et une difficulté globale raisonnable (AD-) mais un caractère sauvage et alpin affirmé. Le cheminement dans la nuit est relativement aisé et nous profitons d’un superbe ciel clair et étoilé. Nous remontons dans l’obscurité vers les pentes de neige et de glace du Weissmies, puis nous bifurquons vers l’Est en direction du Lagginjoch. Nous remontons la langue terminale du glacier tout d’abord grâce aux blocs de pierre qui jonchent le sol, puis la glace vive devient omniprésente et la pente se redresse. Crampons, piolet, et progression encordée s’imposent alors et nous remontons une section plus raide en glace. La pente s’adoucit sur le haut du glacier et nous franchissons la rimaye sur la gauche par un grand pas tandis que le jour se lève. La fréquentation des lieux est très modérée : une cordée est arrivée juste avant nous mais file sur l’arête Nord du Weissmies, et nous observons une seule autre cordée sur l’ arête Sud du Lagginhorn, déjà loin devant car partie du refuge de très bonne heure.

Frontales dans la nuit

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Lever de soleil sur le Valais

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Notre timing est parfait : nous sommes au col du Lagginjoch à 3500m à 7h30 après 2h d’approche, prêts à attaquer l’ascension alors que le soleil vient réchauffer l’arête et illumine les 4000 enneigés, du Mont Rose au Weisshorn. L’escalade de la première moitié de l’arête est fantastique, le rocher orange au lever du soleil offre une escalade plaisir, très abordable et aérienne sur le fil. Nous parvenons vers 9h en haut du gendarme caractéristique à 3906m d’altitude, à la suite duquel l’arête constitue un véritable parcours de montagnes russes. Le rocher est en effet excellent sur le fil, mais très mauvais sitôt que l’on s’en écarte. Il faut donc escalader « en plein ciel »…et désescalader de l’autre côté. 

Belles escalades dans la première partie

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Cheminement astucieux et aérien

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Un long cheminement nous sépare ainsi du sommet, et il faut parfois chercher un peu l’itinéraire pour ne pas corser l’affaire. Au gré des escalades-désescalades, exercice toujours quelque peu délicat pour ceux qui n’y sont pas familiers, cette course très alpine révèle toute son ampleur et le temps file… peu de chance de parvenir à respecter l’horaire du topo du CAS qui donne 4h pour parcourir l’arête. Les nuages montent, on s’active un peu et on atteint le sommet à 4010m à midi, soit 4h30 après avoir quitté le Lagginjoch. Pas si mal. Nous profitons alors d’une pause bien méritée au sommet hélas noyé dans les nuages.  

 Escalade à l’ancienne en fissures et cheminées

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Oups ! Je n’aurai peut-être pas dû affuter la corde…!

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Désecalades aériennes

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Terrain montagne…

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Terrain montagne toujours !

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Les nuages montent au gré de notre progression

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Coup d’oeil dans le rétro…belle ambiance sur cette arête Sud

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Summit…dans le brouillard complet !

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La descente par la voie normale, sorte de sentier suspendu en rochers branlants parfois verglacés, nous fait d’autant plus apprécier la belle arête que nous venons de parcourir. Plus nous descendons, plus nous quittons les nuages et c’est avec plaisir que nous regagnons un autre bout de glacier que nous descendons « en ramasse », pratique ô combien ludique quoique sujette à quelques belles chutes dans la neige ! Nous regagnons la Weissmieshütte à 15h, un peu moins de 10h après notre départ. C’est le tarif pour cette grande course, peu difficile techniquement mais qui nécessite concentration, efficacité et endurance tout au long de l’ascension qui se déroule pendant plusieurs heures entre 3900 et 4000m.

Un Chaos de blocs rocheux constitue la descente.

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Une fois sorti des sections potentiellement dangereuses, la plus grande hantise de ces grandes courses est d’arriver après la fermeture du téléphérique, et ainsi rallonger inutilement une journée déjà bien remplie. En arrivant comme prévu à 15h au refuge, nous nous octroyons tranquillement une nouvelle tournée de bières avant de redescendre vers la gare d’arrivée de Kreuzboden, dont les cabines nous déposent tranquillement à 50m de la voiture. Ça valait le coup de s’activer un peu.

16h, nous arrivons à la gare du téléphérique, il est temps de filer !

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Bravo à Joris pour son premier 4000 et à Jean-Christophe pour qui c’était le second après celui de la collective du 12 août dernier, et merci à Matthieu pour sa participation. Supers moments passés en montagne, et un beau sommet pour conclure une très belle saison. Fini les réveils en plein nuit, place à l’escalade aux heures chaudes de l’après-midi !

ALPINISME Qui n’a d’yeux que pour le granite chamoniard n’a jamais grimpé en Oisan !

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Après un été particulièrement clément sur le plan des orages et plus généralement de la météo en haute montagne, voilà qu’un front froid et pluvieux (voire neigeux !) nous est promis par MétéoFrance pour ce dernier week-end d’août. Au menu des prévisionnistes, de la pluie et de la neige pour le samedi, du soleil et du vent froid en rafale le dimanche. A charge pour nous de nous dépatouiller avec ça pour faire un beau sommet…et c’est ce que nous avons fait!

 

La thématique et le massif étaient d’ores et déjà définis : direction les Ecrins pour une ascension en rocher ! Pour ce qui est du sommet et de la voie, place au brainstorming. De beaux itinéraires sont abandonnés car hauts en altitude et/ou orientés Ouest : à n’en pas douter, il va faire frais ! Le téléphérique de La Grave nous donne potentiellement accès à pas mal de choses, mais avec le vent fort annoncé pour dimanche mieux vaut ne pas compter dessus au risque d’une sévère déconvenue pédestre au retour. Entretemps, la météo en montagne a changé, puis re-changé, puis re-re-changé…la semaine d’un encadrant s’apparente parfois à un véritable casse-tête chinois !

En fin de semaine les bases sont enfin posées : comme envisagé dans le programme initial nous monterons au refuge du Châtelleret. Toutefois, compte tenu de la météo, j’ai ressorti des cartons un itinéraire peu difficile parcouru par des copains initiateurs de mon ancien CAF il y a 7 ans déjà: l’ascension du Pic Gény par l’Arête Est intégrale. C’est une arête réputée pour son superbe rocher, offrant un ensoleillement garanti compte tenu de son exposition Est, avec l’intérêt non négligeable d’être réalisée en traversée en basculant depuis le sommet dans une autre vallée, et le tout sans téléphérique s’il vous plaît ! Si les difficultés sont modestes (Difficulté globale PD+, cotation rocher 3c), c’est un itinéraire homogène dont l’intérêt est à la fois la belle arête à la montée depuis le vallon des Etançons mais également la descente très alpine en rocher raide et délité débouchant dans le cirque du Soreiller. Pour cette sortie dont l’itinéraire final n’a pu être déterminé qu’au dernier moment, nous pouvons compter sur les sur-motivés Romain et Alix ainsi que Matthieu qui s’est joint à l’équipe pour former ainsi deux cordées hyper efficaces. A ce titre, je ne saurai que trop inviter les gens à pratiquer l’escalade et la montagne régulièrement et si possible avec le club, car il est assez délicat de prendre des inscriptions de gens que l’on n’a jamais croisé ou qui n’ont pas fait de montagne de l’été, a fortiori quand la météo annoncée est un peu compliquée.

Comme toujours, le but du jeu est d’optimiser le plaisir au maximum alors on ne fait pas les choses à moitié ! Départ d’Annecy ? samedi à 11h ! Il n’y a en effet rien à espérer de la météo pour samedi en montagne. Crampons piolet ? On laisse à la maison ! Chaussons, dégaines ? Idem ! Nous allons progresser avec des sacs légers en protégeant ici ou là avec quelques coinceurs et des sangles. C’est donc bien reposés, avec le sourire et l’irrépressible envie de fouler de nouveaux sommets que nous arrivons…sous la pluie et un ciel bouché de nuages aux couleurs gris acier. Welcome to La Bérarde ! Pour agrémenter cette atmosphère joviale, 2h30 de marche sous la pluie jusqu’au refuge dont 30 minutes sur le goudron, car il faut laisser la voiture au lieu-dit Les Etages, notre point de chute du lendemain. Bonne surprise en arrivant au refuge, les copains du CAF de Dijon, que j’avais interrogé dans la semaine, sont déjà attablés autour de quelques boissons sympathiques ! Quel plaisir de retrouver les alpinistes de mon ancien club avec qui j’ai partagé plus de 200 itinéraires et sommets à ski, en grande voie, ou en alpinisme ! Ils sont au nombre de huit, une belle équipe pour un objectif qui comme nous a été revu à la baisse : demain ils seront sur le versant d’en face pour gravir l’arête Sud du Pic Nord des Cavales par le col du clôt des Cavales. J’invite ceux qui demeurent interrogatifs à la lecture de cette phrase étrange à prendre une carte pour observer la topographie des lieux et lever ainsi leurs doutes ! Bref, nous discutons joyeusement dans le refuge car dehors le ciel ne laisse pas entrevoir la moindre éclaircie. Même la Meije reste cachée derrière d’épais nuages.

Réveil à 5h le lendemain, après un petit déjeuner tranquille, nous quittons les lieux à 5h45 pour notre fameuse arête Est du Pic Gény. Avec bonheur, nous constatons qu’aucune cordée ne vise cet objectif. Une cordée de Grenoble avec qui je discute dehors me dit « Ha le Pic Gény ! C’est vraiment très beau ! ». Bigre, sauf catastrophe, ça sent la bonne pioche. La marche d’approche sur un sentier régulier est des plus confortable, et nous laisse tout le loisir de profiter du lever de soleil sur la Meije et la Barre des Ecrins. Pour le moment MétéoFrance a tout bon et ce n’est pas inutile de le souligner. D’autant que le vent froid est également au rendez-vous ce qui ne nous incite pas à nous prélasser une fois arrivés au pied de l’arête. Nous trouvons facilement l’attaque et commençons à grimper sans tarder, avec les gants voire les couches intermédiaires pour certains. La suite est un véritable régal d’alpinisme classique, on chemine au gré des lignes de faiblesses les plus logiques sur un granite de rêve. Tiens, me revoilà transporté en vacances en Bretagne sur la côte de granite rose ! A noter qu’il est possible d’éviter un maximum de difficultés en restant à droite du fil de l’arête versant Plaret, mais entre marcher sur des vires en rocher moyen et grimper sur le fil de l’arête un rocher excellent, nous privilégions l’options plus « grimpante » et aérienne.

Le topo indiquait 1h30 à 2h30 de marche d’approche et entre 3h et 5h d’arête. Mais les comptes rendus de CamptoCamp font état de timings autrement moins flatteurs : nombre de cordées dépassent allègrement les 6 h d’ascension, certains « records » évoquent des arrivées au refuge du Soreiller entre 20h et 23h…. Autant dire que je n’avais aucune intention de jouer au jeu de « la plus longue ascension du Pic Gény ». Par prudence, nous tablons sur des horaires médians à savoir 2h d’approche et 4h de grimpe. Avec un départ vers 6h, cela doit nous amener vers midi au sommet. C’était sans compter sur le très bon niveau du groupe qui répond présent au rythme imprimé tout au long de l’approche et de l’ascension. Quelques courtes pauses, efficacité dans les manips et un maximum d’escalade en corde tendue, et nous voilà à 10h45 au sommet sans nous presser ! Tout le monde est en forme, ce qui nous a permis d’avaler ce beau parcours d’arête de 600m de dénivelé, auxquels il convient d’ajouter les 800m de dénivelés de l’approche. La perspective d’une interminable journée de galère, lot commun de nombreux alpinistes, semble pour nous s’éloigner.

Nous profitons alors de l’ambiance exceptionnelle et apaisante à la faveur d’une longue pause au sommet, à cheval entre les deux vallées glaciaires des Etançons et du Soreiller. Aucune autre cordée ni signe de présence humaine en vue, nous sommes tous les quatre juchés sur notre sommet pour savourer ensemble ce super moment passé en montagne. L’ambiance dans le groupe est toujours au beau fixe, à l’image de la météo qui nous permet de profiter d’un panorama à 360° sur les sommets de l’Oisan : La Barre des Ecrins, la Meije, Le Râteau, la Grande Ruine, les Ailefroides, les Bans… pour ne citer que quelques-uns des prestigieux gardiens des lieux qui se dressent autour de nous.

Mais voilà que vient l’heure de la descente et comme le rappelle justement Matthieu, « c’est une deuxième course qui commence » ! Car le beau granite rouge-orangé de la montée est vite oublié quand on regarde les piles d’assiettes couleur rouille entassées au-dessus d’immenses barres rocheuses. Le côté obscur de l’Oisan en quelque sorte ! Le Pic Gény a ceci d’intéressant qu’il offre une course complète et nul doute que ce qui nous attend n’a rien d’une paisible descente en téléphérique ! Couloirs raides, vires étroites, désescalade prudente sur du mauvais rocher, navigation à vue en permanence au-dessus des barres rocheuses, voilà ce qui égrène notre descente et constitue un excellent apprentissage pour Romain et Alix qui conservent malgré tout leur bonne humeur et leur enthousiasme. Les névés d’arrivés se trouvent plusieurs centaines de mètres sous nos pieds, la zipette d’inattention est donc à proscrire. En corde tendue à 3m, les deux cordées collées au plus près pour ne pas nous envoyer de cailloux mutuellement, on vit pleinement le côté « sport d’équipe » de l’alpinisme. Si le terme « d’esprit de cordée » est aujourd’hui galvaudé, le caractère collectif de chaque ascension et de chaque redescente a quelque chose d’indicible et de puissant, et l’on peut ressentir le plaisir et le soulagement qui parcours chacun une fois que le dernier membre de la dernière cordée pose enfin le pied sur le plancher des vaches. La descente est souvent un révélateur du niveau des cordées, et il n’est pas rare d’exploser les horaires. La fatigue de l’ascension, le stress de la chute et le manque d’aisance en terrain à chamois constituent un véritable défi pour des alpinistes peu expérimentés ou à l’inverse trop confiants. Nous en terminons avec la désescalade après 2h de descente sans encombre, contrat brillamment rempli pour Alix et Romain !

S’ensuit un cheminement à vue dans un pierrier débonnaire en direction du refuge du Soreiller, auquel nous décidons de faire une halte pour la traditionnelle bière de l’amitié : pourquoi aller la boire tout en bas quand on peut le faire en terrasse au soleil au pied de l’imposante aiguille Dibona ? Les difficultés sont désormais derrière nous mais la voiture est encore loin. Elle est précisément 1100m plus bas, garée sagement aux Etages. Il nous faut donc à présent descendre ce long vallon encaissé mais que je sais être fort joli pour y être monté il y a quelques années. C’est à la fois comblés et fatigués que nous atteignons le parking et la voiture vers 17h, soit douze heures après le saut du lit. Une longue et bien belle journée de montagne.

Conseils du jour :

L’arête Est du Pic Gény est un excellent test de sa capacité ou non à tenir les horaires. Il est très facile d’économiser du temps… ou à l’inverse d’en perdre ! La stratégie retenue est celle d’une progression à corde tendue en encordement long (30m) afin de profiter des nombreux blocs solides qui parsèment le fil de l’arête. Quelques passages opposent une escalade un peu moins évidente et/ou au rocher douteux, il faut donc rester méfiant et prendre le temps de protéger correctement malgré tout.

L’étude minutieuse de l’approche, de l’attaque, et de l’itinéraire ne sont pas cruciales sur cette ascension. En revanche, il est impératif de potasser la descente en s’aidant des nombreux comptes rendus disponibles en ligne sous peine d’exploser l’horaire à la descente voire de se mettre en danger. En utilisant toutes les informations disponibles, le cheminement est relativement évident et se vit bien malgré la mauvaise qualité du rocher et l’exposition quasi-permanente.

La traversée nous a pris grosso modo 11h tout compris du refuge du Châtelleret au parking des Etages à 4 avec des sacs légers (départ vers 5h45 – arrivée à 17h). Mieux vaut donc ne pas trainer même si cela inclus une pause de trois quarts d’heure au Soreiller. Si la météo le permet, il est cependant possible de supprimer le temps d’approche grâce aux excellents emplacements de bivouac tout près du départ de l’arête. Beaucoup de cordées s’arrêtent également pour une seconde nuit au refuge du Soreiller, ce qui peut donner l’occasion de coupler avec une voie d’escalade sur l’Aiguille Dibona.

L’approche se fait sous un temps pluvieux et gris, heureusement égayée par des rencontres insolites

Approche

 

Lever de Soleil sur les Ecrin, de la Meije Orientale à la Grande Ruine. A droite, la Barre des Ecrins nous fait de l’oeil

Lever de soleil

 

Tout au long de l’ascension, le rocher est exceptionnel pour des cotations débonnaires

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Le beau parcours d’arête se développe sur 600m de dénivelé

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La Meije nous accompagne toute la matinée, pour le plus grand plaisir des ascensionnistes du jour

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Le descente, c’est par là ! Rejoindre les névés 500m plus bas n’est pas une mince affaire… on est content quand ça se termine !

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Départ du refuge du Soreiller, derniers regards vers la belle aiguille Dibona

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Un beau vallon ombragé nous ramène en douceur à la civilisation

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De bonne humeur jusqu’au bout !

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ALPINISME Belle expérience à 4000m pour 4 alpinistes du club…et même 5 !

20180812 093253Si les chutes de pierres et de séracs ont malheureusement émaillé la saison d’alpinisme côté français, les conditions dans le Valais Suisse demeurent quant à elles excellentes !

Cela a permis à 4 membres du club de vivre leur premier sommet à 4000 en alpinisme le 12 août dernier, l’Allalinhorn (4027m) par l’itinéraire de la Hohlaubgrat (Difficulté : PD+ / arête de neige et escalade en rocher).

Une semaine plus tôt, je partais avec Thibaut, issu du Groupe Jeune, gravir un autre 4000 du Valais : la Dent Blanche (4357m) par l’arête Sud, une course sérieuse et parmi les plus belles des Alpes dans ce niveau de difficulté (Difficulté : AD / arête de neige et escalade en mixte glace, neige et rocher).

En ce début août, le club compte ainsi 5 nouveaux détenteurs de 4000 ravis de cette belle expérience en haute montagne !

L’idée m’était venue début juillet lors du joli raid Chamonix-Zermatt au cours duquel le beau temps ne nous a pas quittés. J’ai pu contempler la massive et superbe Dent Blanche (4357m) qui me paraît alors en excellentes conditions. Aucune info ne filtre sur internet en ce début du mois d’août, les derniers comptes rendus datent alors de 2017. Entre-temps, c’est en initiateur rigoureux que je me suis chargé d’entretenir mon acclimatation… en passant 15 jours de vacances au bord de la mer ! Je me cale néanmoins avec Thibaut, en excellente condition physique, qui a loupé à son grand regret la dernière sortie au Mont Viso. A noter que Thibaut est issu du Groupe Jeune Alpinistes du club, et suit à ce titre les sorties et formations menées par Matthieu Dagand et plusieurs Guides de Hautes Montagne. Il est très motivé pour m’accompagner sur cette superbe mais grande course. A peine déplié les bagages, je troque donc serviettes et maillot de bain contre doudoune et crampons et c’est parti pour le Valais !

Le récit de cette ascension ne fera pas partie de ce compte rendu, n’étant pas à proprement parler une sortie club. Disons simplement que les conditions et le déroulement de cette longue course furent excellentes en tout point ! L’arrivée au sommet, ou pourrait-on dire en plein ciel, constitue un grand moment. Attention, comme toujours c’est la descente qu’il convient de réussir proprement car le terrain est technique et le vide omniprésent dans les immenses faces de part et d’autre de l’arête.

Revenons-en à la sortie club proposée en ce week-end du 11-12 août. Le bon créneau météo est court, les températures relativement élevées, mais la fenêtre semble suffisamment bonne. C’est un excellent groupe de 5 alpinistes que nous constituons, avec Natacha, Malika, Nicolas et enfin Jean-Christophe qui poursuit sa belle progression au fil de la saison.

Le spectacle à l’arrivée au parking est envoûtant et irréel. De droite à gauche, les monstres de neige et de roc nous surplombent : au-dessus de nos têtes, la Lenzspitze (4294m), le Dom des Mischabels (4545m), le Täschhorn (4491m), l’Alphubel (4206m) et l’Allalinhorn (4027m). Derrière nous, le Weissmies (4017m), le Lagginhorn (4010m) et le Fletschorn (3985m). Devant nous, les camions des équipes nationales de ski plusieurs nations d’Europe, des terrains de tennis, et des hôtels 5 étoiles dont les petits véhicules électriques transportent les bagages des touristes fortunés depuis le parking jusqu’à l’entrée des hôtels. La Suisse, paysage de contrastes saisissants où se côtoient la puissance de la nature et l’argent roi.

 

La vue au parking est écrasante. L’Allalinhorn est la bosse de neige tout à gauche.

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Le refuge Britannia est construit à 3030m d’altitude, et remonter à pied dans les cailloux sous les câbles du téléphérique ne m’enchante guère. Nous allons donc faire entorse à l’alpinisme « classique » et prendre la remontée de Felskinn qui diminue singulièrement les efforts à la montée et nous autorise un départ tranquille d’Annecy le samedi matin. Il faut dire que la semaine précédente avec Thibaut, nulle remontée mécanique dans le Val d’Hérens, nous avons monté (et descendu) 1700m de dénivelé avec les gros sacs rien que pour atteindre le refuge ! Mon goût pour ce genre d’exercice n’étant pas illimité, le téléphérique tombe à point nommé. Cela tombe d’autant mieux que les membres du groupe ont eux aussi profité de vacances au bord de l’eau et n’ont pas eu l’occasion de s’acclimater à la haute altitude ces dernières semaines. L’après-midi et la nuit passés à 3000 seront tout à fait suffisants au vu de la très bonne condition physique des uns et des autres.

Sur la plateforme d’arrivée du téléphérique, force est de constater qu’ici aussi les glaciers souffrent de la chaleur, au point de compromettre l’itinéraire de descente pour regagner la benne ! Il faudra donc improviser. Nous parcourons sans encombre le chemin qui relie l’arrivée du téléphérique de Felskinn à la Britanniahütte en une petite heure. Pas d’orage à l’horizon, il fait grand beau sur le Valais ! Cela nous permet de profiter pleinement en terrasse du paysage exceptionnel qu’offre la cabane : les magnifiques Strahlhorn (4190m) et Rimpfischorn (4199m) que nous tâcheront de réaliser à ski l’hiver prochain apparaissent sous nos yeux, mais également l’Allalinhorn et sa fameuse arête Est également appelée Hohlaubgrat, au menu de ce week-end. Tel que je l’avais espéré, l’ambiance redevient plus conforme à ce que l’on aime en haute montagne : les remontées mécaniques, les touristes, et autres sportifs aux tenues moulantes et bariolées ont disparu. On contemple alors les immenses langues glaciaires, les parois vertigineuses et les dômes de neige majestueux. De grandes cascades issues de la fonte des glaciers et quelques jeunes bouquetins à l’aisance insolente viennent animer ce paysage grandiose.

La Britanniahütte, notre refuge, est en vue!

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La vue depuis la terrasse est alléchante ! De gauche à droite : Le Strahlhorn (4190m), le Rimpfischorn (4199m) et l’Allalinhorn (4027m).

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Zoom sur notre objectif du lendemain : l’arête Est de l’Allinhorn. Demain nous serons là haut !

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Nous faisons quelques exercices de révision des manips de corde tant que le soleil consent à nous apporter un peu de chaleur puis nous rentrons car la température à l’ombre chute rapidement. Si le refuge est particulièrement confortable, on peut déplorer la nourriture franchement banale pour ne pas dire peu appétissante. Je file repérer l’approche après le repas avant de rejoindre tout le monde pour une courte nuit. Point positif, le personnel est très attentif aux horaires et impose un petit déjeuner à 4h pour notre itinéraire. Une aide gardienne vient même nous tirer du lit à 3h45 ! L’inconvénient est qu’avec le raccourcissement des journées, nous parcourons tout le glacier dans le noir complet.

Chacun se montre efficace malgré le réveil en pleine nuit et nous décollons du refuge à 4h30. Un court sentier nous amène au glacier de Hohlaub. Le ciel est peu nuageux mais la lune ne se montre pas et nous évoluons dans le noir. Rapidement les premières crevasses apparaissent et la pente s’accentue. Nous avançons tranquillement à corde tendue en deux cordées : j’emmène Natacha et Malika tandis que Jean-Christophe et Nicolas évoluent quelques mètres derrière nous sous le leadership de Jean-Christophe.

Nous sommes quasiment les premiers à avoir quitté le refuge. Seule une cordée de deux nous précède, dont je me méfie particulièrement. Il s’agit de deux jeunes « alpinistes » évoluant sans casques, corde molle auquel le second de cordée semble avoir trouvé une solution en marchant souvent avec 1m de mou à la main y compris dans les passages plus raides en glace, matériel mal disposé au baudrier et broches à glaces bien encapuchonnées dans leurs filets et leurs bouchons. La panoplie des parfaits dangers publics en montagne, et malgré mes conseils répétés en Français puis en Anglais rien n’y fera. C’est bien regrettable car malgré les conditions globalement excellentes et les difficultés techniques modérées, il convient d’être vigilant. Il faut franchir crevasses et rimaye pentues avant d’accéder à l’arête proprement dite, et si les passages raides sont courts et bien tracés, ils sont en glace en cette mi-août où le soleil tape fort. Nous devons donc régulièrement faire notre propre trace pour essayer de trouver un peu plus de neige, mais nous devons régulièrement nous résoudre à affronter la glace vive ici et là. Cordes tendues, consignes répétées sur les techniques de cramponnage, concentration de rigueur, et tout le monde s’en sort à merveille. Alors que nous gagnons le fil de l’arête, le soleil fait son apparition. Le dôme de neige de l’Allalinhorn s’illumine soudain de cette couleur rose-orangée unique qui rend la neige si belle aux premiers rayons du soleil. Nous poursuivons notre ascension près du fil de l’arête. Tandis que nous nous élevons, apparaissent à notre droite les sommets majeurs qui égrènent la longue arête rocheuse qui s’étend de l’Alphubel à la Lenspitze en passant le Täschhorn et le Dom des Mischabels, puis à notre gauche le Strahlhorn et le Rimpfischorn. Il fait grand beau et le panorama au sommet promet d’être exceptionnel !

Lever de soleil sur le Weissmies

A notre gauche apparaissent le Strahlhorn et le Rimpfischorn. Entre les deux, les sommets du Mont Rose ! 

 

La pente se radit et nous arrivons sous la barre rocheuse

 

La pente se raidit de nouveau et nous arrivons à la barre rocheuse sur laquelle vient buter l’arête de neige. L’attaque est une courte pente de glace raide sur laquelle il faut prendre pied avant d’escalader le rocher en crampons. Deux courtes longueurs d’une quinzaine de mètres en bon rocher nous amènent au pied du dernier ressaut, que je contourne par la gauche dans du rocher facile et aérien mais de bien piètre qualité ! Conformément au topo, nous contournons un dernier bastion rocheux par la droite sur une arête de neige qui se révèle être en glace et nous atteignons le sommet à 8h45.

Les deux premières longueurs proposent un rocher agréable à grimper (Photo Nico)

 

La suite est en revanche consituée de rochers posés délicats à négocier (Photo Nico)

 

A gauche du dernier bastion rocheux, le Cervin et le Breithorn

 

La belle arête qui mène au sommet et devant nous, tous les sommets du Valais au Mont Blanc

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Happy Summiters !

Le spectacle est à la hauteur de nos attentes : nous voyons autour de nous un nombre incalculable de sommets et les couleurs sont magnifiques. Ils sont tous là : les sommets du Mont Rose et le Cervin si proches, tous les sommets du Valais plus prestigieux les uns que les autres, jusqu’au Mont Blanc et à l’Aiguille Verte. La descente par la voie normale, en excellentes conditions et plus facile, n’en constitue pas moins un excellent exercice de cramponnage pour chacun. Nous pimentons quelque peu l’itinéraire en descendant une pente peu exposée mais très raide au point de la désescalader… avant de constater au détour d’un bourrelet de neige qu’une gigantesque échelle positionnée 10m plus loin venait sécuriser ce passage technique ! Qu’à cela ne tienne, le groupe s’exclame à l’unisson « c’était bien mieux par là que par l’échelle ! ». Un dernier regard sur l’arête parcourue avant d’entamer la descente, et chacun savoure ce premier sommet de plus de 4000m gravi en alpinisme. Natacha, Malika et Nicolas se sont parfaitement débrouillés bien que davantage habitués au ski de rando qu’à l’alpinisme, et Jean-Christophe a très bien mené sa cordée le tout dans une très bonne ambiance. Encore un excellent week-end passé en montagne. Bravo à tous !

Belle ambiance à la descente. En haut à droite de la photo, les minuscules silhouettes des alpinistes sur la voie normale.

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