Comme toute sortie en montagne, la pente raide ça se prépare ! Il ne s’agit pas de jeter une fléchette sur la carte ou faire rouler une paire de dés. Une bonne dose de préparation à base de BERA, météo, topo et carto s’impose. C’est même une pierre angulaire du cycle, afin de nous faire progresser dans nos choix de sorties et décisions sur le terrain. Après discussions et échanges au sein de l’équipe puis validations par nos « chefs de courses », direction le couloir nord de la Mamule (PD II 4.2 / E2 D / S5).
6h30 devant le club, +4°C et un ciel légèrement voilé. Les discussions vont bon train sur les conditions : il fait chaud depuis plusieurs jours et il n’a pas neigé depuis un moment. Le BERA est remonté à 3 mais nous espérons un regel après une nuit claire. Au départ de Lormay, la neige crisse sous les peaux et nous ne tarderons pas à sortir les couteaux pour négocier le premier raidillon de la journée : bon présage pour la suite de l’aventure. Au bas de la combe du Charvet les conditions sont toujours correctes mais nous prenons deux éléments en compte : le regel n’est pas très profond et les contres pentes de la combe sont « sèches » pour la saison. Le couloir n’est pas encore à vu, la combe est large, prochain arrêt au verrou entre la petite Miaz et la Mamule.
Ca y est, nous voyons le couloir, il est a porté de ski ou de crampons peut-être. Oui mais prenons le temps d’analyser la situation à base de méthode CRISTAL : quatre voyants sur six à l’orange. Un BERA à 3, des traces d’avalanche récente, une pente supérieure à 30° (forcément sinon ca ne s’appelle plus pente raide !) et de possible sous-couche fragile persistantes. A cela s’ajoute une skiabilité incertaine qui nous obligerait à remonter ET descendre le couloir en crampons. A l’unanimité la décision est de ne pas partir dans ce couloir. Et c’est là que le choix de cette sortie prend tout son sens : il suffit de nous retourner pour découvrir d’autre possibilité de pente raide bien plus alléchante.
Le fond de la combe du Charvet permet de nous adapter aux conditions du jour. Ni une ni deux, Olivier nous ouvre la voie vers le sommet sans nom coté 2333, qui nous permettra d’accéder aux couloirs NW. Petite pause repas face au Mont-Blanc et sous le soleil pour reprendre des forces après 1300m de D+. C’était justement ce qu’il manquait pour un décaillage parfait du couloir : chacun s’élance à tour de rôle armé de son plus beau style, sous le regard des autres et du drône d’Alex. Il faudra penser à prendre la pancarte de notation pour la prochaine fois ! Première descente en mode ski de printemps pour cette saison 2022. Tout le monde se fait plaisir sur cette moquette au reflet couleur sable.
Mais plus nous descendons et plus ça devient lourd. Le style change et les cuisses chauffent. Après un ultime repeautage en mode sanglier dans la forêt, nous retrouvons le raidillon du matin, qui sera un mix de neige/terre/herbe, border-cross et virage sauté (presque) sur place pour finalement nous laisser glisser jusqu’à la voiture. Le temps du débriefing en terrasse est venu : avons-nous pris un but ? Bien au contraire, nous avons su faire preuve d’adaptation et avons été capable de prendre les bonnes décisions. La preuve : tout le monde est autour de la table et avec le sourire. Et on remet ça dans 2 semaines !!
PS : un grand bravo au fils d’Alex pour sa première médaille en ski. Il a gagné sa place dans le cycle pente raide 2040!!