Une préparation de la sortie des semaines à l’avance. Trois inscrits initialement prévus sur quatre. Plusieurs options envisagées, bivouac ou refuge, Italie ou France… Mais dix jours à l’avance, les prévisions météorologiques sont maussades. Les refuges ou téléphériques ferment. C’est l’heure de racler vos spatules, pas d’aller chausser les crampons !
Alors que faire ?
Et bien on garde l’objectif initial, un stage Unité de Formation en alpinisme afin de permettre de confronter sa pratique au rôle de premier de cordée dans un terrain montagne, avec de l’assurage en mouvement. Ça sent la poudre, le froid, le vent. Mais on est motivés. D’ailleurs trois autres inscrits portent le groupe à huit, deux encadrants compris.
On choisit donc un terrain propice, c’est à dire peu d’approche pour les deux jours, refuge pas très loin, terrain permettant de limiter les risques avec cette météo prévue « pas trop bonne voir pas bonne du tout » pour samedi et « mieux » pour dimanche. Direction, le refuge des Cosmiques !
La neige était annoncée tous les jours en fin de semaine. Et comme tous les inscrits aiment la neige personne n’a hésité, ils ont tous suivi ce plan aventurier : « si ça passe samedi, ça passe dimanche ! » On est tous motivés pour une première sortie d’alpinisme hivernal.
Le plan initial était d’aller sur Torino pour jouer dans les marbrées, Entrêves ou les courses
d’arêtes du coin. Mais vu la neige récente et les crevasses tout juste recouvertes, on est partit
sur le plan suivant, direction les cosmiques. Et oui, ce n’était pas un stage neige ni progression
terrain glaciaire. Alors les crevasses, on évite si possible, on veut du rocher. Et du rocher sec !
On prévoit donc un rendez-vous covoiturage le samedi matin vers 9h30 afin d’avoir les premières
nouvelles d’ouverture du téléphérique de l’Aiguille du midi..
Hop, c’est vite vu, « ouverture prévue à partir de 11h ». Alors on y va, on verra. À savoir que
quand il neige beaucoup, ils leurs faut du temps pour déneiger là-haut avant d’accueillir du
tourisme.
On y est. Ça va ouvrir. La peuf prévue est là. C’est tout blanc. -22 degrés annoncé en ressenti
là-haut. Mais on le savait, on vient en connaissance de cause sur la météo. On espère franchement que ça sera mieux que prévu. Et si ce n’est pas pire, le refuge n’est pas loin…
« Kévin, je ne sais pas où est l’arête. » Aïe, ben oui, avec la neige et le vent, plus de trace. Mais avec le brouillard, plus de visibilité non plus. Hop, bravo à notre premier volontaire, Joris, qui s’empare de ses lunettes de soleil (pour y voir encore moins), de son piolet et de mon bâton. Le bâton, c’est bien pour sonder la pente et choisir au mieux sont itinéraire quand on avance à pas de loup.
C’est facile une arête. On a le tombant à gauche et à droite. Et parfois, on a la jambe qui passe dans une corniche. Jean-Noé se souviendra sûrement de cet épisode où, en suivant nos traces quelques centimètres trop à droite, il se retrouvera 1m plus bas. Ok c’est repartit, on devine un rocher, on sait où on se trouve… Ça descend, une visibilité qui s’améliore, on passe de 5 m à 10 m. Un skieur en approche à la remontée. « Crampons envolés par le vent ». Ah oui, ça souffle. Et pas qu’un peu. Chaque centimètre de peau à nue est attaqué par ce vent vorace qui se sent plein d’énergie avec ce nouveau froid tout juste arrivé. Et nous voilà arrivé sur la « terrasse » là ou on chaussera les raquettes à neige.
L’arête est franchie. Nos aventuriers, une fois bonnet et beuf remis en place sont confiants pour la suite, on a même une vue dégagée sur notre première trace, le brouillard se lève, un peu. Il jouera toute la
journée.
L’ambience est annoncée, le stage est maintenu, le groupe est toujours motivé.
On a transformé ce « simple » stage d’évolution en terrain de montagne vers un stage découvertede l’alpinisme hivernal. On est prévenu, on va tester notre matériel. Notre choix sur
l’organisation du sac à dos, du choix des chaussures jusqu’au choix du collant. D’ailleurs
certains n’ont pas réussit à choisir et ont portés les deux collants. Pas forcément à recommander,
mais il parait que c’était chaud.
Notre objectif du jour, s’approcher du refuge des Cosmiques et d’aller évaluer un peu le niveau de
chacun dans les arêtes Lachenales.
Objectif un peu trop embicieux… En effet, on s’est plutôt orienté sur une promenade sur glacier, à brasser de la peuf et à travailler l’orientation dans le brouillard. Mais avant ça, merci au second volontaire, Gilles, qui nous a fait la première trace en raquettes. Parmi les crevasses et oui comme annoncée elles seront cachée. Une semaine avant ça passait en « S », 4 pas à droite, 3 pas à gauche, là à vue ? « Tout droit ! ».
Il s’est donc retrouvé jusqu’au hanches dans la neige. Et oui les raquettes ça portait quand même
un peu mieux sur le glacier bouchée. Aller, on ressort, on se rassure le passage de crevasse est
derrière (pour mes seconds de cordées) et on essaye de trouver une ligne pour le refuge.
Deux ou trois personnes sur huit auront passé une jambe ou deux dans ce pont de neige. La corde ?
Personne ne l’aurait remise en question.
Arrivé sous le refuge, on n’a pas froid. Mais on a quand même une personne sur le groupe de 8 qui
n’a pas de raquettes. Elle s’enfonce pas mal quand même. Et une raquette avec une fixation cassée par
le froid. Ah, comme le bâton de l’arête, il aura fait son taf mais pas plus. On trace quand même jusqu’au genoux, la neige est magnifique. On a tous envie d’être en ski. J’essaye quand même de les rassurer, l’arête des cosmiques le lendemain avec les ski sur le dos ce n’est pas franchement du bonheur.
Aller, on change de traceur, Joris repart à l’attaque pour trouver le départ des Lachenales.
« Sud Sud-Est ». Ok… On se retrouvera avec une belle trace sur le GPS après analyse. On tirai toujours franchement à droite, sans jamais quitter la pente côté refuge. Soit il était appelé par la bière, soit il
préférait le plan « arête à Laurence ». Comme la trace se rebouchait, on continué à jouer un peu, voir si le temps se dégageait. Et non… Donc retour sur nos trace « Ah oui, je la trace n’est pas bien droite », pour remonter au Refuge. Nouvelle trace, merci à Océane, il fallait la méritée cette arrivée au refuge. L’été c’est quand même plus simple…
Une fois arrivée, le brouillard se lève et on voit qu’on était encore loin. Non franchement, ce
n’était pas le bon plan d’aller dans les Lachenales par cette météo. L’arête à Laurence pour
arriver au refuge aurait été une alternative plus juste. Mais on risquait quand même d’avoir
froid.
Super accueil par les nouveaux gardien du refuge. On a révisé les différentes techniques de
progression au chaud, il fallait être créatif pour trouver un bequet, l’exercice n’en était que
plus propice pour la mise en pratique « personelle » du lendemain.
La nuit était très clair. « C’est maintenant qu’il faut y aller ». C’était une bonne idée, mais il
aurait quand même fait froid !
On part donc du refuge vers 8h, le plafond est haut, ça nous arrange le brouillard on en a eu
assez. Par contre c’est quand même jour blanc. Une nouvelle trace pour l’accès à l’abri Simon,
puis l’attaque.
Là, il aura fallut pratiquement 2h pour quitter la vue du refuge alors qu’habituellement 30 minutes suffisent. La première
pente était bien enneigée, ça brassait pour tout le monde. Et bien sûr, on ne pouvait que deviner
ou ça passait au mieux.
Bravos aux premiers de cordées, la trace était clair, les options assez bonne et l’assurage bien
pratiqué.
Deux cordées en venant du téléphérique auront tracés bien vite, sans raquettes, jusqu’à rejoindre
nos traces du matin. Ils nous ont doublés très rapidement cadancé par un guide souhaitant avoir la
même vitesse l’été que l’hivers sur cette arête. Ça nous a bien arrangé, qu’ils tracent la seconde
partie de l’itinéraire. Parce que Noé et Joris sont restés la première cordée sans véritable
relève cette journée-ci.
On aura mis entre 6 et 7h à faire la traversée. Et le vrai doute était le fonctionnement du
téléphérique, vent fort annoncé en soirée.
Personne n’aura vraiment eu froid et le « crux » aura laissé son impression à tout le monde. La
chance pour la première cordée la fissure a été nettoyée par ceux qui nous ont doublés.
Après ce dernier passage permettant une pause bien méritée, encore un peu de vagabondage sur l’arête nous permet d’arrivée à la station du téléphérique, vide de tourisme.
L’arrivée sous le soleil par notre cordée du milieu.
Bravo à ce super groupe qui a tenu le coup malgrés les conditions et d’avoir misé, comme nous, sur
une météo « pas trop mauvaise -> assez bonne ».
D’autres photos sur le compte-rendu de Joris sur son blog